Campagne d'observation au sein des lieux diffusant des sons amplifiés
Salles de concert, festivals, discothèques : une campagne d’observation réalisée par Bruitparif à la demande de l’Agence régionale de santé Île-de-France dresse un état des lieux mitigé de l’application de la réglementation pour prévenir les risques auditifs dans les lieux diffusant des sons amplifiés.
Assister à un concert ou danser en discothèque, constituent des activités culturelles populaires qui participent au bien-être de la population. Ces événements doivent rester des moments festifs et de plaisir, sans exposer le public à des risques pour sa santé. Afin de garantir la protection de l’audition du public et la tranquillité du voisinage, le cadre réglementaire[1] impose aux exploitants des lieux diffusant des sons amplifiés de mettre en œuvre une limitation du niveau sonore et l’accès à différents dispositifs de prévention et de sensibilisation aux risques auditifs.
Bruitparif a réalisé en 2023 et 2024 une campagne d’observation du niveau d’application de cette réglementation dans le cadre de sa convention de partenariat avec l’Agence régionale de santé Île-de-France (ARS Île-de-France). Ainsi, vingt événements musicaux dans différentes configurations de lieux (salles de concerts, festivals et concerts en extérieur, discothèques, bars musicaux, cafés-concerts) ont fait l’objet de mesures acoustiques et d’identification de la présence effective des dispositifs de sensibilisation et de prévention rendus obligatoires par la nouvelle réglementation :
- L’information relative aux risques auditifs ;
- L’affichage en continu des niveaux sonores ;
- La mise à disposition de bouchons d’oreille ;
- L’aménagement de zones ou de périodes de repos auditif.
Les opérateurs intervenaient incognito, sans information préalable des organisateurs des événements et au milieu du public présent.
Les mesures acoustiques révèlent que, dans 50 % des événements « tout public », les niveaux sonores enregistrés dépassaient ou risquaient de dépasser les seuils réglementaires. Ce constat s'applique à l'ensemble des festivals et concerts en extérieur, ainsi qu'à 43 % des concerts en salle inclus dans l'étude. Les dépassements ont été principalement observés lors de concerts et événements réunissant plus de 5 000 spectateurs.
Point rassurant, les deux spectacles destinés spécifiquement à un jeune public, intégrés dans cette étude, respectaient les niveaux sonores autorisés pour cette catégorie de spectacles, les seuils réglementaires étant plus stricts pour ce type d’événement (94 dB(A) et 104 dB(C) contre 102 dB(A) et 118 dB(C)[2] pour les manifestations « tout public »).
Concernant les dispositifs de sensibilisation et de prévention, l’information relative aux risques auditifs n’a été observée que dans 30% des événements tandis que l’affichage en continu des niveaux sonores[3] n’était visible que dans 11% des événements concernés.
Enfin, la distribution gratuite de bouchons d’oreille, assurée dans 75 % des événements, est une obligation mieux respectée, tout comme la présence de zones (ou à défaut de périodes) de repos auditif, qui gagneraient toutefois à être mieux signalisées.
Cette étude est la première mise en œuvre en Île-de-France depuis l’application effective du décret de 2017. Ses résultats montrent que les mesures de prévention du risque auditif sont encore insuffisamment appliquées dans la plupart des événements musicaux accueillant du public. Il apparaît donc essentiel de renforcer la mise en œuvre opérationnelle des dispositions réglementaires dans les lieux diffusant des sons amplifiés ainsi que la sensibilisation du public aux gestes de prévention et aux bonnes pratiques.
Décret n°217-1244 du 7 août 2017 et arrêté d’application du 17 avril 2023 ↑
Les niveaux sonores dans les lieux diffusant des sons amplifiés sont limités selon deux seuils en décibels utilisant le premier, la pondération A, et le second, la pondération C. La pondération A est largement utilisée dans la réglementation et est bien adaptée pour les niveaux d’intensité sonore de la vie courante (entre 30 et 80 dB). La pondération C permet de mieux tenir compte des basses fréquences auxquelles l’oreille humaine devient plus sensible lorsque les niveaux sonores sont élevés (>80 dB), ce qui est le cas dans les lieux diffusant des sons amplifiés. ↑
Dont l’obligation ne porte que sur les lieux accueillant plus de 300 personnes. ↑