Coût social du bruit en Île-de-France
17/06/2016
Plus de 16 milliards d’euros par an
Alors que le Conseil national du bruit (CNB) et l’Ademe ont rendu publics mardi 14 juin les résultats de la première étude nationale portant sur l’évaluation du coût social du bruit en France [1] (plus de 57 milliards d’euros par an), Bruitparif dévoile la déclinaison francilienne de l’étude. Selon les travaux de l’association francilienne, le coût total des nuisances sonores en Île-de-France serait de 16,2 milliards d’euros annuels. La région capitale qui compte environ 19 % de la population apparaît ainsi particulièrement impactée par le bruit en concentrant 28 % des coûts liés aux nuisances sonores dans le pays.
L’exploitation de l’étude nationale réalisée par EY pour le CNB et l’Ademe a permis à Bruitparif de compléter le chiffrage que l’association avait publié en septembre 2015 concernant les impacts sanitaires du bruit des transports [2] : ses derniers travaux ont permis de proposer des estimations pour les autres impacts du bruit (dépréciation immobilière, pertes de productivité, conséquences économiques des troubles d’apprentissage, impacts sanitaires des bruits de voisinage). Bien que reposant parfois sur des estimations qui mériteraient d’être affinées, ces travaux permettent pour la première fois d’évaluer l’ordre de grandeur du coût social du bruit en Île-de-France, en tenant compte de la diversité des expositions et de leurs effets. En agrégeant des coûts de nature très différente (coûts des impacts sanitaires, coûts de dépréciation immobilière ou pertes de productivité au travail), la facture obtenue de 16,2 milliards d’euros par an apparaît comme très lourde. Il faut rester d’autant plus prudents sur cette estimation que l’approche méthodologique retenue n’a pas permis de quantifier le coût de certaines nuisances telles que le bruit dans les moyens de transport, le bruit subi lors des loisirs ou les effets cumulatifs des expositions, faute de données suffisantes.
L’évaluation conduite au niveau de l’Île-de-France établit que les coûts occasionnés par les bruits liés aux transports représentent 6,9 milliards d’euros par an, soit exactement le tiers du coût estimé des bruits des transports pour la France entière (20,6 milliards d’euros par an). Avec 9 millions de personnes significativement exposées au bruit des transports, dont 3,4 millions fortement, l’Île-de-France concentre en effet 38 % de ces enjeux. Les coûts associés correspondent, pour 58 % d’entre eux, soit pour 4 milliards d’euros par an, à la valorisation économique des quelque 77 000 années de vie en bonne santé perdues chaque année du fait des troubles du sommeil, de la gêne ou des risques cardiovasculaires accrus, et pour la partie restante (42 %) aux coûts engendrés par les dépréciations immobilières (2,2 milliards d’euros par an), les pertes induites de productivité (600 millions d’euros par an) et les troubles de l’apprentissage (100 millions d’euros par an).
Avec un coût de 4,3 milliards d’euros par an, soit 22 % du coût pour la France entière, l’exposition au bruit en milieu professionnel en Île-de-France apparaît également comme un enjeu de taille. Les conséquences comprennent la surdité professionnelle et le coût des accidents du travail liés au bruit (masquage des signaux d’alerte, détournement d’attention), de l’ordre de 300 millions d’euros par an, et surtout la perte de productivité (baisse de performance dans les tâches cognitives, dégradation de la satisfaction au travail, perte de concentration) qui est à l’origine d’un coût très élevé pour les entreprises (4 milliards d’euros par an).
Le coût social du bruit en salle de classe serait quant à lui de l’ordre de 1,3 milliard d’euros par an, soit 21 % des coûts nationaux pour ce poste.
Enfin, le coût des impacts sanitaires des bruits de voisinage, qui figurent comme la source de gêne sonore citée prioritairement par 44 % par les Franciliens contre 48 % pour le bruit des transports[3] , a pour la première fois pu être estimé à titre indicatif à 3,7 milliards d’euros par an, soit 32 % des coûts nationaux.
Pour Didier Gonzales, Président de Bruitparif et Conseiller régional d’Île-de-France, « les travaux du CNB et de l’Ademe, ainsi que leur déclinaison par Bruitparif au niveau de l’Île-de-France, permettent de donner de la lisibilité à une nuisance vivement ressentie par nos concitoyens, et plus encore par les Franciliens. Dans ce contexte, la mission de notre association, Bruitparif, est de plus en plus nécessaire : il importe de connaître précisément les zones les plus touchées par le bruit afin de cibler l’action, car il faut obtenir la plus grande efficience des politiques menées par les responsables de l’intérêt général. Il faut aussi diffuser largement les bonnes pratiques pour tenir compte du bruit dans l’aménagement du territoire. Enfin, il apparaît indispensable de pouvoir garantir à tout Francilien l’accès à une information indépendante et transparente en matière d’exposition aux nuisances sonores. »
[1] Le coût social des pollutions sonores, Etude réalisée par EY pour le compte du CNB et de l'Ademe, mai 2016
[2] Impact sanitaire du bruit des transports dans l’agglomération parisienne : quantification des années de vie en bonne santé perdues, Bruitparif et ORS Île-de-France, septembre 2015
[3] cf. le sondage « Les Français et les nuisances sonores » publié en septembre 2014 par l’IFOP