Environnement sonore suite à la fermeture de la voie sur berge rive droite
14/11/2017
Bruitparif rend ses conclusions
Depuis septembre 2016, sur décision de la ville de Paris, la voie Georges Pompidou est fermée à la circulation sur 3,3 km de l'entrée du tunnel sous les tuileries à la sortie du tunnel Henri IV. Au terme d’une année de suivi, Bruitparif tire les principaux enseignements de l’impact de cette décision sur l'environnement sonore et publie aujourd’hui son rapport final. Les conclusions viennent confirmer et compléter les analyses du rapport d’étape publié au mois de mars dernier.
L’exploitation des données collectées sur 90 sites de mesure du bruit dans Paris et en petite couronne couplée à la réalisation de modélisations a permis à Bruitparif de dresser les constats suivants :
Pour Paris intra-muros, l’étude fait ressortir une augmentation significative du bruit sur le secteur des quais hauts.
Les reports importants de trafic sur les quais hauts la nuit ont entraîné une hausse importante du bruit pour les riverains sur cette période allant de +1 à +4 dB(A), soit une augmentation de l’énergie sonore allant de +25% à +150%.
De même, la congestion accrue de l’axe entre Concorde et la voie Mazas en journée génère une recrudescence des pics de bruit intempestifs (sirènes de véhicules d’urgence, klaxons, deux-roues motorisés excessivement bruyants). Sur ces portions de quais, les pics de bruit représentent désormais de 20 à 60% du bruit en journée, le record ayant été observé sur le quai du Louvre.
D’autres axes dans Paris intra-muros ont subi également une augmentation des nuisances sonores en lien probable avec les reports de trafic et/ou l’augmentation de la congestion associés à la fermeture de la voie Georges Pompidou, mais de manière plus limitée.
Il s’agit par exemple du boulevard St Germain, du boulevard Bourdon, du boulevard des Capucines, de la rue La Fayette et du boulevard du Montparnasse. Les augmentations estimées de l’ordre de 1 dB(A) y sont toutefois plus faibles que sur les quais hauts.
En dehors de Paris intra-muros, notamment sur le boulevard périphérique et les grands axes comme l’A13, la N118 ou l’A86, aucune évolution notable n’a été relevée.
Les seules modifications qui peuvent être potentiellement reliées à la fermeture de la voie sur berge rive droite ont été observées à l’Est à proximité de l’A4 à Charenton-le-Pont et à Saint-Maurice, où une tendance à l’augmentation du bruit de l’ordre de 1 dB(A) est observée en lien probable avec une hausse de la congestion notamment aux heures de pointe du soir.
Au terme d’une année d’observation, il ne semble pas y avoir eu par ailleurs d’adaptation des comportements des automobilistes.
Ainsi, la comparaison des résultats obtenus durant les deux campagnes de mesure (respectivement 3 mois et 9 mois après la fermeture à la circulation de la voie Georges Pompidou) a montré que les variations de bruit observées sur les différents sites à six mois d’intervalle étaient très faibles (comprises entre -1 et +1 dB(A)) et ne mettaient pas en évidence de modifications notables des conditions de circulation.
L’environnement sonore s’est par contre globalement apaisé et s’est surtout modifié sur la voie Georges Pompidou désormais piétonnisée, avec un net recul des bruits de circulation routière et l’apparition de nouvelles sonorités en lien avec les activités récréatives.
Suite à la fermeture à la circulation de la voie Georges Pompidou, des baisses importantes de bruit atteignant 8 dB(A) ont été observées sur les berges au cours de l’hiver dernier, de jour comme de nuit. Cette amélioration ne concerne toutefois pas les parties des berges situées en contrebas du Louvre et du quai Henri IV qui ont, pour leur part, plutôt subi une détérioration de leur environnement sonore du fait du report d’une partie de la circulation qui était avant en tunnel sur les quais hauts en surface.
Par ailleurs, avec les beaux jours et les aménagements réalisés sur les berges (restaurants, terrasses, jeux…), de nouvelles sonorités (voix humaines, cris d’enfants, musique, rires…) ont fait leur apparition en lien avec les activités récréatives et festives qui y ont pris place, venant ainsi contrebalancer partiellement la diminution des nuisances sonores d’origine routière. Ainsi, les niveaux sonores ont ré-augmenté au fil des mois entre mars et août pour atteindre leur maximum en juillet. Cette évolution a été particulièrement marquée sur la période nocturne, où les niveaux sonores se sont rapprochés des valeurs observées lorsque les berges étaient encore ouvertes à la circulation.
En façade des premiers bâtiments de l’Île-Saint-Louis et de l’Île de la Cité, situés en face des quais rive droite, la fermeture à la circulation de la voie sur berge a conduit également à des diminutions moyennes de bruit de l’ordre de 4 dB(A) en période diurne et de 2 dB(A) en période nocturne.
Enfin, les données collectées dans le cadre de cette étude ont permis de décrire finement la situation sonore de 90 sites exposés au bruit routier sur Paris et la petite couronne et sont venues enrichir la base de connaissances de Bruitparif sur les nuisances sonores routières.
Sur 60 % des sites documentés, les niveaux sonores relevés dépassent les valeurs limites réglementaires de 70 dB(A) le jour et/ou de 65 dB(A) la nuit. Ceci témoigne de la très forte exposition des habitants du cœur dense de l’agglomération parisienne au bruit de la circulation routière.
Sans surprise, les sites les plus bruyants (niveaux excédant de plus de 5 dB(A) les valeurs limites réglementaires de jour comme de nuit), sont observés au droit d’axes fortement circulés où il n’existe pas de protection acoustique (par exemple le long de l'A4, du boulevard périphérique, de la N118), sur les quais hauts, ainsi que sur des grands axes parisiens (avenue des Champs-Elysées, avenue de la Grande Armée, boulevard de Sébastopol, avenue du Général Leclerc).
Il est également apparu que la dynamique du bruit était très différente selon les axes. Ainsi, le long des grands axes fortement circulés, le bruit provient essentiellement des bruits de roulement, la contribution des pics de bruit intempestifs (klaxons, sirènes, deux-roues motorisés bruyants...) dans l’énergie sonore globale y étant faible (de l’ordre de 1 à 10% seulement). Par contre, sur certains axes urbains fortement congestionnés (boulevard de Sébastopol, carrefour du Pont de Charenton, rue de Compiègne à proximité de la Gare du nord, avenue du Général Leclerc), la contribution des pics de bruit peut être très importante, atteignant entre 30 et 50% de l’énergie sonore en journée, le record ayant été atteint avec une contribution de l’ordre de 60% observée en journée sur le quai du Louvre.
Pour conclure, il ressort de cette étude que les conséquences acoustiques de la fermeture à la circulation de la voie Georges Pompidou se manifestent essentiellement dans Paris intra-muros, sur le secteur des quais hauts rive droite. Pour les logements situés quai du Louvre, quai de la Mégisserie et quai Henri IV notamment, les mesures réalisées par Bruitparif indiquent que l’augmentation de bruit subie par les riverains peut être considérée comme significative au sens de la réglementation, et qu’elle est donc susceptible de donner lieu à la mise en place, par le maître d’ouvrage, à savoir la ville de Paris, d’actions de diminution du bruit, afin de respecter les niveaux sonores maximaux admissibles de 65 dB(A) le jour et de 60 dB(A) la nuit.
Compte tenu des objectifs à atteindre qui correspondent à une diminution pouvant aller jusqu’à 10 dB(A) en façade de certains bâtiments, les possibles solutions de réduction du bruit à la source (pose de revêtement de chaussée acoustique, réduction de la vitesse de circulation la nuit, changement de la motorisation des bus, encouragement à l’achat de véhicules ou de scooters électriques, renforcement de la prévention et de la répression en matière de comportements inciviques…) devront nécessairement être combinées entre elles. Il sera par ailleurs probablement nécessaire de réaliser des travaux d’isolation phonique pour les logements les plus exposés au bruit.
Enfin, il serait souhaitable de porter une attention particulière à la gestion sonore des lieux de loisirs créés dans le cadre du réaménagement de la voie sur berge, et ce spécifiquement les nuits de fin de semaine et de week-end lors des beaux jours, où la fréquentation plus importante des lieux est susceptible de générer également des nuisances sonores (diffusion de musique amplifiée, notamment de basses fréquences, cris, comportements inciviques…) qui pourraient se surajouter au bruit de circulation pour les riverains des quais.
Retrouvez toutes les données et analyses sur le site dédié au dispositif de suivi : http://vsb.bruitparif.fr