L'importance du sommeil
26/04/2016
Terra Nova vient de publier le rapport « Retrouver le sommeil : une affaire publique ? »
Il s'agit pour les auteurs de ce rapport (Damien Léger, Jean-Pierre Giordanella, dalibor Frioux, Thibaut de Saint Pol, Antoine Hardy et Pascale Hebel) d'attirer l'attention sur une question encore trop peu abordée par les politiques publiques et qui est pourtant un fait social majeur et un enjeu de santé publique de première importance.
Le rapport de Terra Nova explore le sommeil sous tous ses aspects : la santé publique et la sécurité (consommations de médicaments, sécurité routière), le travail de nuit, le sommeil des enfants et des adolescents, mais aussi les effets du bruit et de la pollution lumineuse, ou encore les inégalités produites ou révélées par le sommeil ainsi que les coûts de l'insomnie. Sept axes de propositions, assorties de recommandations concrètes, répondent au diagnostic formulé dans ce rapport.
Ce rapport revient en détails sur les effets néfastes du bruit sur le sommeil.
Il rappelle les résultats de l'enquête INSV-MGEN de 2013 qui montraient qu'au moment de l'endormissement, 52% des français sont gênés par le bruit et 60% d'entre eux le considèrent comme le premier facteur de réveil au cours de la nuit. Dans la grande majorité des cas (92%), le bruit qui dérange provient de l'extérieur, émis pour l'essentiel par les transports (61%), les voitures en premier lieu, suivies des bruits de voisinage et des avions.
Le lien bruit-sommeil y est également largement détaillé. Le rapport rappelle ainsi que le bruit peut provoquer une réduction de la durée du sommeil (retard à l'endormissement et/ou réveil avant l'heure choisie) mais également génère une dégradation de la qualité du sommeil (fragmentation et raccourcissement de certains de ses stades). Par conséquent, l'effet récupérateur attendu est amoindri et il peut s'ensuivre de la fatigue, une diminution de la vigilance, une perte d'efficacité au travail et des difficultés d'apprentissage. A long terme, l'individu peut devenir irritable. De plus, le bruit est suspecté d'être un facteur dans l'avènement de risques de maladies cardiovasculaires et métaboliques (hypertension artérielle, infarctus, diabète). Il est également évoqué dans l'émergence de pathologies psychiatriques.
Le rapport souligne qu'au-delà des niveaux de bruit moyennés (l’OMS recommande de ne pas dépasser 30 dB(A) en moyenne sur la période de nuit (22-6h) dans la chambre à coucher), c'est l'émergence des bruits qui peut perturber le sommeil : il est estimé ainsi que plus de 10 émergences de bruit par heure de sommeil peuvent provoquer une insomnie.
Parmi les propositions concrètes formulées par les auteurs du rapport figurent certaines consacrées aux relations bruit/sommeil. Les auteurs préconisent ainsi les actions suivantes :
a) Etudier les possibilités d’intégrer les préoccupations liées au sommeil, par exemple à travers un plan d’impact sanitaire sommeil concernant les aspects bruits et pollutions lumineuses, dans la construction de toute nouvelle infrastructure d’envergure de transports publics ou dans la construction de grands ensembles d’habitation.
b) Poursuivre l’aménagement et la croissance de l’offre de transports en commun et des modes actifs de circulation douce ainsi que l’autopartage.
c) Envisager la création ou accentuer le développement de pôles modulaires aux entrées des agglomérations pour le stationnement des véhicules particuliers et l’utilisation des transports en commun.
d) Augmenter le nombre de zones à 30 km/h, les zones de circulation interdite notamment après 22h et le week-end et le nombre de lignes de bus dédiées à la circulation nocturne.
e) Réduire la vitesse sur les voies rapides urbaines et le périphérique parisien.
f) Favoriser le développement et l’acquisition de véhicules moins bruyants.
g) Publier régulièrement les cartes du bruit routier dans la ville et des plans de prévention du bruit et faire connaître les mesures prises aux populations concernées.
Retrouver ci-dessous l'interview de Damien Léger sur les relations bruit/sommeil donnée à Bruitparif dans le numéro 20 du Francilophone.