Le bruit, un facteur qui renforce les inégalités sociales

La pollution sonore a des impacts sociaux et territoriaux prépondérants.

Les niveaux sonores élevés le long des axes de transport très fréquentés dans le centre des villes ou aux abords des aéroports engendrent un exode vers la périphérie, plus tranquille. Cette évolution ne reste pas sans conséquence pour la mixité sociale, les personnes aux revenus les plus modestes n'ayant pas la possibilité de se soustraire au bruit. Qui plus est, elle est à l’origine de nouveaux flux de pendulaires, qui engendrent des problèmes de bruit dans des zones jusque-là silencieuses. Les propriétés situées dans des endroits bruyants se vendent et se louent à des prix inférieurs. En comparaison de bâtiments se trouvant dans des quartiers plus calmes, l'état de nombreuses habitations à proximité immédiates d'axes très fréquentés est nettement moins bon. Face aux perspectives défavorables de développement des quartiers fortement exposés au bruit, les propriétaires évitent les investissements et renoncent par exemple à entreprendre une rénovation. On aboutit ainsi à une spirale descendante dans ces secteurs. Le bruit apparaît ainsi comme un facteur qui renforce les inégalités sociales et territoriales.

http://www.noiseineu.eu/fr/3529-a/homeindex/image?objectid=3078&objecttypeid=0

Michel Setboun/Corbis

En Ile-de-France, plusieurs études menées dans le cadre du Plan régional santé environnement (PRSE) mettent en évidence et analysent les relations entre exposition aux nuisances environnementales, dont le bruit, et inégalités sociales.

Fin janvier 2022, l'Observatoire régional de santé a publié un travail d’identification des secteurs présentant un cumul d’expositions environnementales. Cette étude (accessible en bas de page), menée dans le cadre du PRSE 3, prolonge et approfondit l’identification des points noirs environnementaux réalisée en 2016. Elle a mobilisé de nombreux partenaires pour rassembler les données nécessaires, dont Bruitparif pour le volet bruit, et élaborer la méthodologie permettant la caractérisation des secteurs critiques.

Un score composite a été calculé à la maille de 500 mètres, pour tenir compte de 5 composantes environnementales (qualité de l’air, bruit des transports, pollution des sols d’origine industrielle, présence d’installations industrielles, qualité de l’eau de consommation) et d’une composante relative au cadre de vie (espaces verts, îlots de chaleur urbains, marchabilité). La représentation cartographique obtenue met en évidence les secteurs cumulant niveaux de pollutions élevés et vulnérabilité de la population, confirmant l’existence d’inégalités sociales et environnementales dans la région Île-de-France. Ce diagnostic a vocation à être intégré aux orientations des politiques publiques visant à les réduire.

Bruitparif avait conduit, en collaboration avec Airparif et sous l’égide de l’Agence Régionale de Santé, une étude sur les relations entre la défaveur sociale et les expositions au bruit et à la pollution atmosphérique au sein des zones aéroportuaires. Cette étude publiée en 2013 avait permis d’identifier les secteurs présentant un cumul de fortes inégalités sociales et environnementales au sein des zones d’étude péri-aéroportuaires retenues et méritant ainsi d’être considérées comme des zones à enjeux prioritaires pour les politiques publiques de santé.

Défaveur sociale et surexposition aux nuisances sonores et à la pollution atmosphérique par IRIS au sein des zones d’étude péri-aéroportuaires (source étude Bruitparif)

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