Le coût social du bruit

42,6 milliards d’euros par an, c’est le coût social du bruit en Île-de-France.

L’Ademe et le Conseil national du bruit (CNB) ont publié en octobre 2021 les résultats de leur étude de réactualisation de l’estimation du coût social du bruit en France qui s’élèverait désormais à plus de 147 milliards d’euros par an !

Bruitparif a réalisé la déclinaison francilienne de cette étude en utilisant les données et études disponibles à l’échelle de l’Île-de-France et en ajustant certaines méthodologies de calcul. Le travail conduit aboutit à un chiffrage de 42,6 milliards d’euros par an attribuables aux nuisances sonores en Île-de-France. La région capitale, qui compte environ 18 % de la population française, apparaît ainsi particulièrement impactée par le bruit en concentrant 29 % des coûts nationaux liés aux nuisances sonores.

Cette étude a permis de mettre un coût sur les années de vie en bonne de santé perdues du fait du bruit des transports et de proposer des estimations monétaires pour les autres impacts du bruit : dépréciation immobilière, pertes de productivité, conséquences économiques des troubles d’apprentissage, impacts des bruits de voisinage, du bruit au travail ou à l’école.

Bruit des transports en Île-de-France : un coût de 26 milliards par an

L’évaluation conduite au niveau de l’Île-de-France établit que les coûts occasionnés par les bruits liés aux transports représentent 26 milliards d’euros par an, soit 27 % du coût estimé des bruits des transports pour la France entière (97,8 milliards d’euros par an). Les coûts associés correspondent, pour 86 % d’entre eux - soit pour 22,5 milliards d’euros par an -, à la valorisation économique des 158 000 années de vie en bonne santé perdues chaque année du fait des perturbations du sommeil, de la gêne, des risques accrus de maladies cardiovasculaires ou cardio-métaboliques, de troubles anxiodépressifs et de difficultés d’apprentissage, et pour la partie restante (3,5 milliards d’euros par an soit 14 %) aux coûts engendrés par les dépréciations immobilières (2,7 milliards d’euros par an), les pertes induites de productivité (750 millions d’euros par an) et les coûts de médications et d’hospitalisations (50 millions d’euros par an).

Le coût associé au bruit routier s’élève à 18,1 Md€/an soit 43 % du total régional, celui du bruit aérien à 4,1 Md€/an soit 10 % du total régional et celui du bruit ferroviaire à 3,8 Md€/an soit 9 % du total régional.

Bruit de voisinage : un coût de 10,4 milliards par an

Atteignant 10,4 Md€/an, le bruit de voisinage représente quant à lui 24 % du total régional, se décomposant en 6,4 Md€/an (soit 15 % du total) pour les bruits des particuliers, en 2,4 Md€/an (soit 5 % du total) pour les chantiers et en 1,6 Md€/an (soit 4 % du total) pour les bruits générés par les activités professionnelles dans le voisinage.

L’Île-de-France concentre ainsi 40 % du chiffrage national (26,3 milliards d’euros par an) relatif au bruit de voisinage.

Bruit au travail ou à l’école : un coût de 5,3 milliards par an

Avec un coût de 5,3 milliards d’euros par an, soit 25 % du coût (21 milliards d’euros par an) pour la France entière, l’impact du bruit au travail ou à l’école apparaît également comme un enjeu de taille en Île-de-France. Les conséquences comprennent la surdité professionnelle et le coût des accidents du travail liés au bruit (masquage des signaux d’alerte, détournement d’attention) - de l’ordre de 100 millions d’euros par an - et surtout la perte de productivité (baisse de performance et de concentration) qui est à l’origine d’un coût très élevé pour les entreprises (1,8 milliard d’euros par an) ainsi que les impacts sanitaires non marchands associés à la gêne, la fatigue, le déficit auditif et les difficultés d’apprentissage pour 3,4 milliards d’euros par an.

Dépenses transversales

Enfin 1,9 % des coûts (0,8 Md€/an) correspondraient aux dépenses engagées en lien avec le traitement et la prévention du bruit en Île-de-France.

Part de l’Île-de-France dans les coûts nationaux par source de bruit

Bien que reposant parfois sur des estimations qui mériteraient d’être affinées, ces travaux permettent d’évaluer l’ordre de grandeur du coût social du bruit en Île-de-France, en tenant compte de la diversité des expositions et de leurs effets. En agrégeant des coûts de nature très différente (coûts des impacts sanitaires, coûts de dépréciation immobilière ou pertes de productivité au travail), la facture obtenue de 42,6 milliards d’euros par an apparaît comme très lourde.

Cette évaluation permet de donner de la lisibilité à une nuisance vivement ressentie par les Franciliens. Elle permet surtout de mettre en balance les externalités négatives des pollutions sonores avec le coût financier des mesures d’atténuation du bruit connues et éprouvées (par exemple, revêtements routiers phoniques, murs anti-bruit, isolement de façade, traitement acoustique des bâtiments scolaires, d’habitation, ou de santé…) et les bénéfices sociaux qui pourraient en découler (ex. diminution de la gêne et des perturbations du sommeil).

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