Les enjeux d'exposition au bruit des transports
Le croisement des données des cartes stratégiques de bruit de 4ème échéance avec les données de population permet de quantifier les enjeux d’exposition au bruit des transports, au sein de la zone dense francilienne constituée des 14 agglomérations compétentes pour la mise en œuvre de la directive européenne 2002/49/CE, ce qui représente en tout 10,5 millions d’habitants.
Au sein de ce territoire, près de 1,5 million d’habitants, soit 14,2% de la population, seraient ainsi potentiellement exposés à des niveaux supérieurs à au moins une valeur limite réglementaire. Le trafic routier en est le principal responsable puisqu’environ 1 million d’habitants, soit 9,7% de la population, seraient exposés à des niveaux de bruit routier excessifs. L’exposition au-delà des valeurs limites est moindre pour le bruit du trafic aérien et pour le bruit ferroviaire (respectivement de 4,5% et 0,4%).
L’exposition au bruit des transports à des niveaux qui excèdent les valeurs recommandées par l’Organisation mondiale de la santé concernerait en outre 86% des habitants, soit 9 millions de personnes. Ils seraient ainsi respectivement près de 82%, 19% et 12% à vivre dans des zones qui dépassent les valeurs recommandées respectivement pour le bruit routier, le bruit aérien ou le bruit ferré.
1,5 millions de personnes (14%) vivraient toutefois dans des zones calmes préservées du bruit des transports.
Exposition au bruit routier
La principale source de transports responsable de la pollution sonore dans l’environnement extérieur au sein de la zone dense francilienne est la circulation routière.
Au sein de la zone dense francilienne qui compte 10,5 millions d’habitants, la population est fortement exposée au bruit routier sur l’ensemble de la journée puisque 8,6 millions de personnes (soit 81,6% de la population) sont exposées à des niveaux supérieurs à 53 dB(A) selon l’indicateur Lden, considéré comme l’objectif de qualité à atteindre selon l’Organisation mondiale de la santé pour éviter les conséquences sanitaires du bruit routier.
Cette tendance se retrouve à travers le nombre de personnes qui subissent des niveaux de bruit dépassant les valeurs limites réglementaires prises par la France en application de la directive européenne 2002/49/CE sur le bruit dans l’environnement : 1 024 402 personnes, soit 9,7% de la population, seraient ainsi exposées à des niveaux supérieurs à 68 dB(A) selon l’indicateur Lden.

Exposition au bruit routier de la population de la zone dense francilienne par rapport aux valeurs de référence pour l’indicateur Lden
La nuit, l’exposition au bruit routier diminue. Toutefois, 75,5% de la population (7,9 millions d’habitants) vit encore dans un logement avec une façade exposée à un niveau de plus de 45 dB(A), considéré comme l’objectif de qualité à atteindre la nuit selon l’OMS et 401 981 habitants (soit 3,8% de la population) seraient concernés par des niveaux nocturnes qui dépassent la valeur limite réglementaire de 62 dB(A) selon l’indicateur Ln.

Exposition au bruit routier de la population de la zone dense francilienne par rapport aux valeurs de référence pour l’indicateur Ln
Résultats détaillés par agglomération
De jour comme de nuit, l’exposition au bruit routier varie de façon importante selon les agglomérations et les territoires qui composent la zone dense de l’Île-de-France. Sans grande surprise, la Métropole du Grand Paris (MGP) concentre 79 % des personnes en situation de dépassement des valeurs limites pour le bruit routier, avec près de 808 000 personnes concernées pour l’indicateur Lden et 316 000 pour l’indicateur Ln.
Au sein de la MGP, c’est le territoire Grand Paris Seine Ouest (T3) qui apparaît le plus exposé en proportion, puisque 19,7 % de sa population est exposée au dépassement de la valeur limite de 68 dB(A) pour l’indicateur Lden. Le territoire Boucle Nord de Seine (T5) arrive en deuxième rang (16,2 %), suivi de près par Paris Est Marne et Bois (T10), avec 14,8 %, puis par Vallée Sud Grand Paris (T2) et Grand Orly Seine Bièvre (T12) (14,1 %). Cette liste des territoires les plus exposés se retrouve la nuit.
En revanche, d’autres territoires ressortent comme relativement plus épargnés en matière d’exposition aux bruits provenant de la route. Ainsi, Paris Terres d’envol (T7) et Grand Paris Grand Est (T9) présentent la part la plus faible de population fortement exposée à ce type de bruit, tant pendant la totalité de la journée (respectivement 4,4% et 6,7 %) que la nuit (1,6 % et 2,5 %). À noter également que l’exposition au bruit routier à Paris est plutôt moins forte que la moyenne constatée pour l’ensemble de la MGP, avec des proportions de dépassement des valeurs limites de 10,4 % et 4 % respectivement pour les indicateurs Lden et Ln, contre 11,5 % et 4,5 % en moyenne au sein de la MGP.
Hors MGP, ce sont les Communautés d’agglomération de Plaine Vallée, de Versailles Grand Parc et de Paris Saclay qui présentent les proportions les plus élevées de personnes en situation de dépassement de la valeur limite en Lden, avec respectivement 11,3 %, 9,7 % et 9,1 % de leurs populations totales. Les communautés d’agglomérations de Grand Paris Sud et de Saint-Quentin-en-Yvelines sont en ce qui les concerne les moins concernées par les dépassements des valeurs limites réglementaires. Enfin, c’est au sein de la Communauté d’agglomération de Saint-Germain Boucles de Seine que l’on trouve la part de population peu exposée au bruit routier la plus importante, avec respectivement 30,9 % et 48,8 % de ses habitants qui seraient exposés à des niveaux qui respecteraient les valeurs recommandées par l’OMS pour les indicateurs Lden et Ln, contre 18,4 % et 24,5 % en moyenne pour l’ensemble de la zone dense francilienne.
Statistiques d’exposition au bruit routier par agglomération et par rapport aux valeurs de référence pour l’indicateur Lden
Statistiques d’exposition au bruit routier par agglomération et par rapport aux valeurs de référence pour l’indicateur Ln
Une possible baisse de l’exposition
L’examen de l’évolution de l’exposition moyenne au bruit routier dans la zone dense francilienne entre la troisième et la quatrième échéance laisse apparaître une certaine tendance à la baisse, avec un nombre de personnes exposées au-delà de la valeur limite en Lden qui passe de 1 091 662 (10,8 %) à 1 024 402 habitants (9,7 %) et, dans le même temps, une hausse significative du nombre de personnes peu exposées au bruit routier, puisque l’on remarque un passage de 1,5 (15 %) à 1,9 millions (18,4 %) de personnes exposées à moins de 53 dB(A) Lden qui est la recommandation de l’OMS.
Pour ce qui concerne la période nocturne, la même tendance se retrouve en ce qui concerne l’augmentation de personnes peu exposées au bruit routier (passage de 19,6 % à 24,5 %). Cela étant, la part des personnes exposées au-delà de la valeur limite réglementaire a quant à elle tendance à augmenter légèrement, passant de 3,3 % à 3,8 %. Ces résultats d’ensemble cachent toutefois de fortes disparités d’évolution selon les territoires, avec des diminutions plus marquées dans certains lieux – Paris, notamment – et au contraire des hausses dans d’autres collectivités, ce qui est en particulier le cas pour Paris-Saclay. Ces évolutions depuis la troisième échéance doivent toutefois être relativisées compte tenu du changement de méthodologie intervenu entre-temps.
Exposition au bruit aérien
Au sein de la zone dense francilienne, le bruit aérien affecte une partie non négligeable du territoire. Ainsi, 19% des habitants, soit 2 millions de personnes, sont exposés à des niveaux supérieurs à 45 dB(A) selon l’indicateur Lden, considéré comme l’objectif de qualité à atteindre selon l’Organisation mondiale de la santé pour éviter les conséquences sanitaires du bruit aérien. 473 741 personnes, soit 4,5% de la population de la zone dense francilienne, sont exposées à des niveaux de bruit dépassant la valeur limite réglementaire de 55 dB(A) selon l’indicateur Lden.

Exposition au bruit aérien de la population de la zone dense francilienne par rapport aux valeurs de référence pour l’indicateur Lden
La nuit, l’exposition au bruit aérien diminue, notamment autour de l’aéroport de Paris-Orly doté d’un couvre-feu entre 23h30 et 6h00 et autour des aérodromes (pas de vols de nuit, sauf cas exceptionnels). Toutefois, 9,8 % de la population vit encore dans un logement exposé à un niveau de bruit aérien de plus de 40 dB(A), considéré comme l’objectif de qualité à atteindre la nuit selon l’OMS. 190 537 habitants (soit 1,8 % de la population) seraient même concernés par des niveaux nocturnes qui dépassent la valeur limite réglementaire de 50 dB(A) selon l’indicateur Ln. Même autour de l’aéroport de Paris-Orly, 12 795 personnes sont soumises à des niveaux de bruit qui dépassent les 50 dB(A) en moyenne entre 22h00 et 6h00, du fait des nuisances générées par les survols entre 22h00 et le début du couvre-feu à 23h30.

Exposition au bruit aérien de la population de la zone dense francilienne par rapport aux valeurs de référence pour l’indicateur Ln
Résultats détaillés par agglomération de la zone dense
Si certaines agglomérations ou territoires sont relativement épargnés par les nuisances sonores aéroportuaires, d’autres sont au contraire particulièrement concernés : Roissy-Pays de France, Plaine Vallée, Val Parisis, Paris-Saclay, T12, T11, T6, T7 et T5 au sein de la Métropole du Grand Paris.
Statistiques d’exposition au bruit aérien par agglomération et par rapport aux valeurs de référence pour l’indicateur Lden
Statistiques d’exposition au bruit aérien par agglomération et par rapport aux valeurs de référence pour l’indicateur Ln
Des expositions au bruit aérien à la hausse
Les résultats de quatrième échéance fournissent des chiffres d’exposition en hausse par rapport à l’échéance précédente. Cela peut s’expliquer par trois facteurs : la tendance à la hausse du trafic aérien intervenue entre les deux échéances, l’urbanisation croissante dans certains territoires survolés, et enfin le changement de logiciel de modélisation utilisé par les acteurs aéroportuaires pour produire les cartes de bruit aérien. On assiste ainsi à une augmentation de la part de population francilienne exposée au-delà de la valeur recommandée par l’OMS pour l’indicateur Lden (passage de 15,8 % à 17,7 %), ainsi qu’à une augmentation du nombre de personnes exposées au-delà des valeurs limites réglementaires : passage de 376 000 à 479 000 personnes pour le dépassement du seuil en Lden et passage de 105 000 à 192 000 pour le dépassement du seuil en Ln.
La seconde source de transports responsable de la pollution sonore dans l’environnement extérieur en Île-de-France est le trafic aérien.
Les résultats pour l’ensemble de l’Île-de-France
D’après les cartes établies par la Direction générale de l’aviation civile et complétées puis consolidées par Bruitparif, 2,17 millions de Franciliens, soit 17,7 % de la population, seraient exposés à des nuisances sonores aéroportuaires excédant la recommandation de l’OMS pour l’indicateur Lden, et 1,08 million le seraient également pour la valeur recommandée la nuit. Dans la zone concernée par les aéroports de Paris-CDG et/ou Paris-Le Bourget, ces valeurs représentent respectivement 1,37 million et 805 000 personnes, et pour le secteur exposé aux nuisances liées à l’aéroport de Paris-Orly, ces deux totaux s’établissent respectivement à environ 736 000 et 274 000 personnes. L’activité des autres aérodromes d’Île-de-France engendre des nuisances sonores, pendant la période diurne essentiellement, pour 63 000 Franciliens.
479 000 personnes (3,9 % de la population) seraient exposées à des niveaux qui excèdent la valeur limite réglementaire de 55 dB(A) selon l’indicateur Lden et 192 000 personnes (1,6 %) seraient concernées par des niveaux nocturnes qui dépassent la valeur réglementaire de 50 dB(A) Ln. Il s’agit principalement de personnes résidant à proximité de Paris-CDG (133 000 personnes) mais aussi de personnes résidant à proximité de Paris-Orly (59 000 personnes concernées), malgré le couvre-feu sur cet aéroport, cela s’expliquant par les survols entre 22h00 et le début du couvre-feu à 23h30.
Exposition au bruit ferroviaire
Au sein de la zone dense francilienne, le bruit des circulations ferroviaires affecte une partie non négligeable du territoire. Toutefois, la population qui y est exposée est bien moindre que pour le bruit routier.
Au sein de la zone dense francilienne, 9,6 % des habitants, soit un million de personnes, sont exposés à des niveaux supérieurs à 54 dB(A) Lden en façade de leur domicile, soit au-delà du niveau considéré comme l’objectif de qualité à atteindre selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour éviter les conséquences sanitaires néfastes du bruit ferroviaire. Et 39 058 personnes, soit 0,4 % de la population, y seraient en situation de dépassement des valeurs limites réglementaires selon l’indicateur Lden, à savoir 73 dB(A) pour les lignes conventionnelles et 68 dB(A) pour les lignes à grande vitesse.

Exposition au bruit ferré de la population de la zone dense francilienne par rapport aux valeurs de référence pour l’indicateur Lden
Durant la nuit, les niveaux de bruit ferroviaire diminuent le long des lignes de transport de voyageurs mais peuvent rester importants, notamment aux abords de lignes accueillant du fret. 35 271 personnes (0,3 %) vivraient ainsi en situation de dépassement des valeurs limites réglementaires selon l’indicateur Ln (65 dB(A) pour les lignes conventionnelles et 62 dB(A) pour les lignes à grande vitesse).

Exposition au bruit ferré de la population de la zone dense francilienne par rapport aux valeurs de référence pour l’indicateur Ln
Résultats détaillés par agglomération
La Métropole du Grand Paris (MGP) concentre la majorité des enjeux d’exposition au bruit ferré, puisqu’elle rassemble de l’ordre de 60 % des personnes en situation de dépassement des valeurs limites réglementaires. Les territoires de la MGP proportionnellement les plus touchés par les nuisances sonores ferroviaires sont dans l’ordre décroissant Boucle Nord de Seine (T5), Grand Paris Seine Ouest (T3) et Grand Orly Seine Bièvre -T12).
Hors MGP, ce sont la Communauté d’agglomération de Versailles Grand Parc et la Communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise qui présentent les proportions les plus élevées de personnes en situation de dépassement des valeurs limites en Lden et en Ln, alors que les agglomérations de Plaine Vallée, Paris Saclay, Grand Paris Sud, Paris Vallée de la Marne et Cergy Pontoise sont relativement peu concernées.
Statistiques d’exposition au bruit ferré par agglomération et par rapport aux valeurs de référence pour l’indicateur Lden
Statistiques d’exposition au bruit ferré par agglomération et par rapport aux valeurs de référence pour l’indicateur Ln
Une amélioration de la situation
Point positif, les résultats de quatrième échéance indiquent une nette diminution du nombre de personnes exposées au bruit du trafic ferroviaire par rapport à l’échéance précédente, les parts de personnes exposées au-delà des valeurs recommandées par l’OMS passant de 15,8 % à 9,6 % pour l’indicateur Lden et de 22,6 % à 11,6 % pour l’indicateur Ln. Ces diminutions proviennent pour partie des améliorations apportées par les politiques de lutte contre le bruit ferroviaire et pour partie des évolutions de méthode entre les deux échéances.