Les moyens de lutte contre le bruit routier
Pour diminuer les nuisances liées au bruit routier, trois types d’actions peuvent être mises en oeuvre : réduction du bruit à la source, limitation de la propagation du bruit, isolation des logements du bruit.
RÉduire le bruit à la source
Afin de réduire le bruit routier à la source, différentes actions peuvent être entreprises.
Les actions sur les vitesses
- Une diminution de vitesse de 20 km/h conduit à une baisse du niveau sonore comprise entre 1,4 et 1,8 dB(A) dans la gamme 90-130 km/h et entre 1,9 et 2,8 dB(A) dans la gamme 50-90 km/h (source : Guide du bruit des transports terrestres, CERTU).
- La délimitation de zones comme les zones 30, ou le partage de la voirie avec la mise en place de zones de rencontre, permettent une réduction du niveau sonore qui peut atteindre 2 à 3 dB(A), par la seule réduction de vitesse, à condition que la vitesse réelle pratiquée avoisine la limite fixée. Le niveau peut cependant augmenter en cas de revêtement de chaussée inadapté (pavés…), ainsi qu’en limite de zone en raison de la ré-accélération des véhicules. Elle doit s’accompagner d’aménagements spécifiques signalant le changement de zone et poussant les automobilistes à ralentir. Ces mesures peuvent par ailleurs encourager une déviation du flux routier, en particulier des poids lourds, ce qui participe davantage au gain sonore.
- Les ondes vertes permettent aux automobilistes de rencontrer une suite de feux verts sur un même axe s’ils circulent à vitesse modérée. Elles fluidifient donc la circulation et limitent le nombre d’arrêts et de redémarrages, qui sont des évènements particulièrement bruyants. Elles peuvent ainsi permettre une diminution du niveau sonore de 1,5 à 3 dB(A) par rapport à des feux tricolores non coordonnés.
- La transformation d’un carrefour à feux en carrefour giratoire vise à fluidifier la circulation routière en améliorant la gestion des carrefours. Bien que les vitesses moyennes observées soient en hausse, la réduction des points d’arrêt aux feux tricolores permet une diminution qui peut aller de 1 à 4 dB(A) selon les cas.
Les actions sur le volume de trafic routier
- À vitesse égale, une diminution de moitié du trafic routier conduit à une baisse de 3 dB(A) du niveau sonore, une diminution de 30 % à une baisse de 1,5 dB(A) et une diminution de 10 % à une baisse de 0,5 dB(A). Les politiques qui visent à favoriser le report modal des déplacements des véhicules particuliers sur les transports communs ou les modes doux (marche, deux roues non motorisées) sont bénéfiques dans la lutte contre le bruit. Néanmoins, il est difficile de quantifier les effets. L’usage du vélo en milieu urbain peut être encouragé par des systèmes de location à grande échelle. Cependant, l’impact réel sur le plan acoustique est limité en raison du faible report modal : moins de 10 % des utilisateurs auraient à l’origine effectué leur trajet en voiture.
- La politique de stationnement est un élément essentiel à la régulation du trafic routier, car les automobilistes utilisent moins leur véhicule si le stationnement est difficile. Des parcs-relais en périphérie de la ville peuvent ainsi permettre un transfert facilité entre les véhicules particuliers et les transports en commun.
Les actions sur la composition du parc roulant et le type de vÉhicules
- En milieu urbain, un poids lourd représente acoustiquement 10 véhicules légers. Une restriction de circulation des poids lourds peut donc s’accompagner d’une diminution significative du bruit. Le maire peut prendre un arrêté à ce sujet à condition de respecter certaines conditions :
- interdiction limitée à certaines heures,
- existence d’un autre itinéraire pouvant être emprunté par les poids lourds,
- exemption de certaines catégories de véhicules (véhicules des services publics, transports en commun…).
- Le bruit moteur d’un véhicule électrique est bien inférieur à celui d’un véhicule thermique, mais au-delà de 50 km/h, le bruit de roulement reste similaire. Une augmentation de la proportion de véhicules électriques ou hybrides en zone urbaine va donc dans le bon sens pour lutter contre le bruit, même s’il doit être rappelé qu’il faudrait que le taux de véhicules électriques ou hybrides au sein du parc atteigne de l’ordre de 20 % pour que le bruit routier commence à diminuer significativement (diminution d’au moins 1 dB(A)).
- En milieu urbain, un autobus équivaut acoustiquement à 5 véhicules légers. Mais si on considère le bruit émis par personne transportée, un autobus classique ou un tramway sont 5 fois moins bruyants qu’un véhicule particulier. Les politiques de développement des transports en commun, notamment en site propre, participent donc à la réduction du niveau sonore.
- La gestion du trafic de livraison est un facteur important dans la qualité de l’environnement sonore. Le maire peut fixer le gabarit autorisé pour les véhicules, les horaires de livraison et l’interdiction de stationnement sur certains axes. La « tournée » est à privilégier sur la « trace directe » car elle permet de réduire le nombre de déplacements.
Modifier les revÊtements routiers
- Pertinents sur des voies où les vitesses de circulation dépassent les 30-40 km/h, les revêtements phoniques permettent un gain acoustique de l’ordre de 3 à 5 dB(A) par rapport à un revêtement traditionnel en bon état. Néanmoins, lorsque les vitesses diminuent et que les bruits mécaniques prédominent, le gain devient moindre mais reste intéressant (de l’ordre de 1 à 2 dB(A) de moins en général).
Lutter contre les comportements inciviques
- Les comportements inciviques du type usage abusif des avertisseurs sonores ou conduite avec un deux-roues motorisés mal réglé, en mauvais état ou muni d’un pot d’échappement non homologué, sont de véritables sources de nuisances. Il convient de renforcer les contrôles et les sanctions et de développer la sensibilisation et la prévention en la matière.
Limiter la propagation
Aux abords des habitations, implanter des écrans acoustiques absorbants ou réfléchissants ou des merlons de terre permet de limiter la propagation du bruit et de diminuer l’exposition pour les premiers étages des logements et leurs espaces extérieurs. Par ailleurs, bien que très coûteuse, la couverture ou la semi-couverture de la chaussée reste incontestablement la solution la plus performante.
Isoler les façades
Solution de dernier recours car n’agissant ni sur l’exposition lorsque les fenêtres sont ouvertes ni au sein des jardins, l’isolation de façade permet d’apporter une protection contre les bruits extérieurs de 30 dB(A) au minimum (pour les logements dont le permis de construire a été déposé après le 1er janvier 1996).
L’option la plus souvent adoptée est le double vitrage, mais il existe également des solutions de double fenêtre pour une efficacité encore accrue. Attention à prendre en compte à la fois l’aspect sonore et l’aspect thermique au moment des travaux, car ils ne sont pas toujours compatibles !